Anarchitecture !

Dans le monde improbable de « l’anarchitecture », nous sommes ici devant ce qu’il y a de plus imprévisible ou de plus inénarrable. Cet immeuble unique en son genre n’aurait jamais été possible dans un pays fondé sur le bon goût architectural, l’harmonie des édifices urbains et le respect scrupuleux des lois en vigueur. Seuls les royaumes fascinants où la laideur la plus insupportable côtoie tous les jours la beauté la plus inespérée peuvent abriter de tels édifices imposants.  

D’après le site marocain d’infos racoleuses «goud.ma», cette construction insolite se trouve(rait) à Oued Lou, sur la cote méditerranéenne, au nord du Maroc. Le bâtiment, d’une laideur agaçante, qui agresse le regard et étouffe l’horizon visuel, se compose de trois étages, soit quatre niveaux de cubes entassés les uns sur les autres, comme on entasserait les niveaux dans les poulaillers chinois pour élevage intensif. On ne sait par quel tour de magie, le propriétaire peu scrupuleux de cette oeuvre architecturale a fait en sorte de grignoter pas moins de 10 m2 sur le domaine public, qui plus est, sur une route !

Ce qui nous paraît certain, ce qui est évident, c’est que le bâtiment en question est non seulement une construction anarchique,  une insulte au bon-sens architectural, il est aussi  accessoirement illégal. Pire encore, il constitue en soi une catastrophe urbaine doublée d’une grave mise en danger de la vie d’autrui. On imagine aisément un malheureux quidam qui, voulant contourner l’immeuble pour poursuivre son chemin, finirait écrasé par quelque chauffard pressé.  Et tout ça au nom de l'âne-architecture ! 

Karim R'Bati